A onze heures du matin, ce 31 juillet 2016, j’étais sur les lieux, dans un champ
de blé où allaient se dérouler des séances de FAUCHAGE à l’ancienne.
Les bénévoles de l’association, jeunes et plus âgés, étaient
au rendez-vous, vêtus de leurs costumes lorrains traditionnels, et équipés de
leurs outils.
Dans un premier temps, des anciens ont fait une
démonstration du fauchage à la faucille : un travail de titan qui
demandait des heures de labeur, plié en deux. Au fur et à mesure que les hommes coupaient, les filles
récupéraient les épis, les attachaient en gerbes, puis les rangeaient sur la
charrette.
Dans un deuxième temps, les faucheurs ont utilisé la faux,
un bel objet dont la lame nécessite un martelage régulier pour être efficace.
Une belle avancée, on avançait deux fois plus vite, et les bras qui liaient les
gerbes étaient davantage sollicités.
Dans un troisième temps, une faucheuse tirée par un tracteur
est arrivée. On peut aisément imaginer les chevaux tractant le même
système. La vitesse de fauchage et la
quantité de blé coupé avaient de quoi surprendre. Deux hommes suffisaient :
le conducteur de l’engin et un acolyte
installé à l’arrière qui poussait le blé avec son râteau. Et les « lieuses
humaines » étaient toujours là, à former des gerbes et à les lier.
Dans un quatrième temps, on
nous a présenté la faucheuse-javeleuse, qui hélas n’a pu faire la
démonstration pour des raisons techniques.
Et pour finir cette animation, une faucheuse nouvelle
génération datant de 1943 a fait le travail en un temps record. Pas moyen pour les utilisateurs de faux de
rivaliser avec elle.
Quelques réflexions me viennent après ces moments forts.
On réalise que les villageois autrefois avaient du cœur à l’ouvrage
malgré la pénibilité de ce travail.
On imagine aussi la solidarité qui liaient tous ces gens,
petits et grands. Les voisins s’entraidaient, on ne fauchait pas son champ en
famille, on faisait appel aux connaissances, aux amis. Chacun y trouvait son
compte et chacun pouvait subvenir à ses besoins grâce au travail. Evidemment
les paysans avaient aussi un jardin, un élevage de volaille, de lapins…
Il est vrai que la technique a bien amélioré le sort des ruraux… elle
a peut-être aussi participé à la disparition de nombreux métiers.
Qui vit encore aujourd’hui des fruits de la terre dans son
village lorrain ? Que sont devenues les petites parcelles qui suffisaient à faire vivre une famille ?
Qui sait encore utiliser les moyens archaïques de production ?
Travailler avec une faucille ou une faux devient une prouesse.
Or dans de nombreux pays que j’ai traversés, les gens
coupent encore l’herbe à la faucille pour nourrir leurs animaux, à Cuba on
laboure encore avec des chevaux. Nostalgie du passé… oui. J’ai peut-être tort
aux yeux des grands fermiers qui ont vu leurs surfaces agricoles agrandies et
leurs muscles épargnés.
Cependant, je persiste à
croire que le bon sens n’est plus.
Dans les actes d’Etat Civil du siècle dernier, que j’ai
coutume de déchiffrer, j’ai constaté que
chaque homme pouvait se targuer de gagner sa vie et d’exercer un métier… Et
aujourd’hui ? Le monde paysan en est un exemple parlant ! Nos
campagnes se vident, faute de travail…
Je me suis aussi approchée de parents qui expliquaient à leurs enfants que les épis moulus devenaient de la farine. Les petits en ont récupéré une gerbe pour "faire un gâteau"…Ils ont eu la chance de découvrir l'origine de la farine, d'où l'intérêt de perpétuer cette fête du Battage à Maxstatt qui a une vertu pédagogique incontestable. Merci à toute cette équipe de bénévoles pour leur accueil et le merveilleux moment que j'ai pu passer dans leur village.
Ce matin, j'étais dans "un musée à ciel ouvert", et qui dit musée, dit hélas "passé révolu" !
Un grand bravo à Jacqueline pour la qualité de ses photos et de sa plume.
RépondreSupprimerMERCI POUR CE BEAU REPORTAGE EN IMAGES et rendez-vous à Maxstadt le dernier dimanche de juillet 2018 !
(Juste une petite erreur d'accord:la solidarité qui liait et ce sera parfait, bien que le verbe restera à l'imparfait... Hi hi hi)