vendredi 6 décembre 2019

2019/12/04 Johannesburg : Soweto (1)



Une sortie à faire absolument pour réaliser l’énorme fossé qui peut exister entre les conditions des hommes. 
SOWETO est une banlieue de 4 millions d’âmes et son nom So We To signifie South West Township. C.est ici à une demi-heure du centre de Johannesburg qu’on a transféré les populations pauvres de la ville en 1904 pour assainir... même méthode qu’à Paris par exemple quand on a fait appel à Haussonville pour reconstruire le centre et qu’on a déplacé les miséreux vers la banlieue. « Mettre au ban de la société », ce qui dérange, c’est bien ça le souci des décideurs. Délocaliser pour éloigner la misère du regard.











Il pleut, nous entrons dans un village fait de cases en tôle, tôles instables, rouillées parfois, de guingois, on pourrait parler d’abris plutôt que d’habitation et la s’entassent des familles. Pas d’eau courante, des câbles électriques dans ce secteur amènent la lumière. Mais même le jour on voit vivre la population dans l’ombre. Imaginez une zone en friche, au 
sol sablonneux rouge, inégal, des abris serrés les uns contre les autres, aucun espace vert -pas de jardin, pas d’arbres- on chemine dans des allées étroites dans ce labyrinthe, en essayant d’être discret, nous avons la chance d’être introduits ici par deux enfants du pays qui ont grandi 
dans ce quartier, deux hommes qui veulent qu’on n’oublie pas d’où ils sont venus. On nous dit de saluer en zoulou « somani banani » et répondre “yebo”. Les gens ne nous 
accostent pas, ils continuent de vivre, si on peut appeler ça 
vivre...et ils nous sourient, et échangent avec notre guide, on sent qu’il est très apprécié de cette communauté. 
Promiscuité, insalubrité, mais on se respecte. C’est l’heure de l’école, tous les enfants sont regroupés dans les établissements,à l’entrée du village, sinon j’ose imaginer 
qu’ils nous auraient suivis comme ils le font partout dans le monde.
Des toilettes « de chantier” vertes sont installées à divers endroits, des tas de détritus jonchent le sol un peu partout. 
Nous déambulons une quinzaine de minutes dans ces favellas.
On nous montre la boutique du quartier, un magasin de stockage, mais n’y entrons pas, ni d’ailleurs dans les abris en tôle. 


Avant de repartir, nous entrons dans les trois écoles qui fêtent aujourd’hui Noël. Un père Noël est venu apporter des cadeaux entassés sous un sapin, des sponsors ont aidé ce Père Noël belge à s’approvisionner en jouets et friandises. Une intervenante française fait chanter les enfants en anglais, c’est la fête, on maquille les gamins et on les fait 
danser. Ici fonctionne une école privée, financée par des 
mécènes. Les plus grands ont préparé un spectacle de danse. On l’accompagne de chants et de battements de tambour. Aucun ne se fait prier pour danser, comme à Madagascar où la danse s’apprend au berceau et où on aime chanter à l’unisson. 






Cette adhésion au chant et à la danse collectives m’a toujours séduite, elle forge une cohésion et fait partie de la culture. Dans nos pays européens, on ne cultive que l’individualisme et cet aspect solidaire de la culture passe aux oubliettes. Une belle carence ! (A suivre)







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